Comme il en a été question dans notre dernier billet, nous avons quitté Charleston dans le but de réduire la distance que nous aurions à parcourir en mer si nous décidions de ne pas prendre l'intracoastal en Géorgie.
En quittant vers 14h le 15 novembre dernier, nous nous sommes dirigés vers un mouillage situé assez près de Charleston (nous essayons toujours de ne pas arriver de soir) situé dans Church creek, au mile 487 de l'ICW. Très beau petit mouillage tranquille où nous étions 4 en tout. Cela faisait du bien de jeter l'ancre sans trop s'inquiéter des autres comme ça peut être le cas dans un mouillage de grandes villes comme à Charleston.
À notre réveil le lendemain, un brouillard assez dense nous couvrait. Nous avons retardé un peu le départ mais ce qui semblait s'être levé dans notre coin était encore très présent et le sera resté durant 2-3 heures. Nous naviguions donc prudemment en suivant le GPS pour la direction générale et le profondimètre pour nous aider à trouver le centre du chenal. Par chance, ce coin de l'intracoastal n'avait rien d'un chenal commercial très achalandé comme peuvent l'être certains ports. Suite aux recommandations lues sur le blog de Amuleto, nous sommes allés mouiller dans Factory Creek (mile 536). Les magasins à proximité en font un coin pratique pour se ravitailler et il s'agissait d'un bon mouillage pour nous protéger des orages violents qui étaient annoncés en soirée.
Factory Creek, Beaufort SC |
Cet emballage a piqué notre curiosité. N'avons-nous pas des pois "Le Sieur"?? Peut-être s'agit-il ici de petits pois salés plutôt que sucrés... |
Le 17 novembre, nous avons fait route vers Hilton Head (vers Bulll creek en fait au mile 565). Après une traversée assez rock'n roll du Port Royal Sound où nous avions le vent de face, nous nous sommes couchés en nous demandant toujours si nous prendrions la mer le lendemain. Les vents qui soufflaient avec vigueur durant la nuit devaient baisser un peu mais ils ne nous inspiraient guère. Annie en a tout de même profité pour préparer quelques plats pour une traversée potentielle et Philippe a fait un entretien du moteur au matin du 18. Puis nous avons à nouveau jeté un oeil aux prévisions de vents et de vagues et avons décidé d'y aller par la mer. Nous étions d'avis que les vagues seraient peut-être inconfortables mais les vents annoncés le lendemain rendaient le trajet à la voile pratiquement impossible (étant trop faibles).
Nous avons aussi décidé de sortir par le chenal de la rivière Savannah plutôt que par le Calibogue Sound. Le chenal commercial bien balisé nous inspirait davantage et cela n'allongeait notre route que de quelques miles nautiques. Mais le vent soufflait toujours avec vigueur... En arrivant dans la partie du chenal qui nous donnait un cap directement opposé à la direction du vent, nous nous doutions que cela risquait d'être désagréable. Et tel fut effectivement le cas. nous avons pensé à rebrousser chemin mais nous avons décidé d'au moins nous rendre à la bouée en mer à partir de laquelle nous prenions un meilleur cap où les vagues n'allaient plus venir s'écraser sur notre pont. Tel que prévu, le changement a effectivement été favorable mais le tout demeurait très inconfortable. D'ailleurs, les vagues ayant fait leur oeuvre, l'équipage "en état de marche" était déjà réduit à une seule personne. L'idée donc de retourner sur nos pas durant 2-3 heures dans ces même vagues ne nous inspirait pas vraiment. Nous avons donc continuer ainsi, Philippe à la barre et Annie aux soins du restant de l'équipage (étant elle-même aussi très incommodée par le mal de mer).
Et le comble dans tout ça est que comme les ressources de tout le monde étaient monopolisées, nous n'avons même pas pris le temps d'ouvrir le génois (voile avant), ce qui aurait pu aider à stabiliser un peu le bateau. Ce fut donc une nuit très longue et assez pénible. Mais nous étions reconnaissants pour la lune et les étoiles qui rendaient tout de même la nuit plus accueillante. Nous avons remercié Dieu d'avoir veillé sur nous et avons accueilli le matin et sa clarté (ainsi que les conditions qui s'adoucissaient) avec une grande joie.
Le tout passé, nous avons tout de même maintenant une meilleure idée du genre de mer que l'on peut s'attendre d'avoir dans les conditions qui étaient annoncées. On ne parle pas ici d'une mer déchaînée mais de quelque chose de plus musclé que nous avions connu entre Sandy Hook et Cape May.
L'ennui est que nous avons maintenant l'impression qu'il est pratiquement impossible d'avoir une fenêtre météo vraiment intéressante pour les voiliers qui descendent vers le sud à l'automne. Tout le monde attend un vent du secteur nord pour éviter d'avoir des vagues de front mais les systèmes qui les amènent sont souvent associés à des fronts froids qui donnent des vents assez forts. Et quand ils ne le sont pas, et bien on ne peut pratiquement pas parler de voile dans ces cas-là. Nous trouvions triste en quelque sorte de voir autant de voiliers descendre vers le sud pour ne commencer à pouvoir utiliser sérieusement leurs voiles seulement dans le sud. Mais les conditions ne semblent tout simplement pas souvent favorables.
On nous dit que la route du retour avec les journées de printemps qui s'allongent, les vents dominants du sud et le Gulf Stream donnent à ces passages une toute autre couleur. Nous espérons vivement que cela sera le cas et que nous pourrons nous réconcilier avec la mer car, pour l'instant, l'équipage vote massivement en faveur d'un parcours 100% ICW jusqu'au prochain passage obligé vers les Bahamas.
Et on nous a passé une commande pour des conditions très "smooth" cette fois... ;-)
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